LES FRONTIERES DE LA CULTURE

Article : LES FRONTIERES DE LA CULTURE
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26 mai 2016

LES FRONTIERES DE LA CULTURE

LES FRONTIERES DE LA CULTURE
Par Jean Bruschini, écrivain et artiste italien, 
Membre d’honneur du comité directeur du Festival de Poésie de Tozeur (Tunisie)
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J’ai rencontré Imed Daboussi à Tozeur il y a quatre ans. L’amitié qui s’est forgée m’a permis de découvrir les beautés de la Tunisie, de sorte que j’aime désormais passer plus de temps dans ce pays que chez moi, en Italie. Comme lui, je suis écrivain, poète et organisateur d’événements culturels liés à la littérature et à la poésie, activités très ferventes dans son pays, une nation remarquable qui, après la révolution, a mis les intérêts culturels en premier lieu et tente par tous les moyens de se reconstruire.

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Contrairement à ce qui se passe dans de nombreux autres pays, y compris l’Italie, en Tunisie, tout le monde se rend bien compte combien il est important de cultiver l’aspect culturel, sans oublier la poésie. Pas un jour ne passe où je ne sois pas invité à un événement national ou international. Bien sûr, je ne pourrais jamais les suivre tous, même si cette année j’ai participé à 4 festivals de suite, découvrant (et parcourant) la Tunisie du nord au sud. Depuis la révolution, en fait, la Tunisie a vu la naissance de nouvelles associations culturelles, radios, web télés, ainsi que des nouveaux journaux et d’autres médias qui accordent une large place aux festivals internationaux de cinéma, de littérature et de poésie, comme celui qui se tient chaque année à Tozeur.

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La chose qui frappe chaque participant est le soin dont ces événements sont organisés, toujours parrainés par les municipalités et des privés qui croient fermement à la culture. Vous devez savoir qu’en Tunisie, même dans les villes les plus reculées, vous trouverez toujours un bâtiment avec l’enseigne « MAISON DE LA CULTURE« , endroits où tout le monde – jeunes, adultes et personnes âgées, collabore ensemble aux activités culturelles et à la formation professionnelle, de façon gratuite et accessible à tous. Ce qui se passe aux festivals est extraordinaire, compte tenu qu’aucun des organisateurs n’est payé pour le faire. Attention, là je ne parle pas de simples salons littéraires ou dix/vingt personnes se réunissent pour lires leurs poésies : ces festivals internationaux voient la participation d’artistes provenant d’au moins 15 pays de langue arabe différents et de plusieurs pays occidentaux, dont l’Italie, la France, l’Espagne, etc.

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S’agit-il d’activités faciles à gérer? Essayez donc d’organiser un festival international, alors que ces événements durent au moins trois ou quatre jours, où les participants parlent des langues différentes (et donc leurs relations devront être traduites), doivent être accueillis à l’aéroport et escortés à destination, où il faudra les nourrir et s’occuper de chaque petite nécessité.

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Paradoxalement, ceux qui organisent ces événements n’ont pas toujours derrière les épaules une stabilité économique ; en effet, trop souvent ils doivent faire face au chômage ou à un salaire pitoyable, insuffisant même à assurer un minimum de dignité à leur ménage familial. Imed Daboussi est l’un d’entre eux.
Romancier, Secrétaire Général de l’Union des écrivains de Tozeur et Secrétaire du Festival International de poésie de Tozeur, événement annuel qui accueille régulièrement des poètes provenant par des nombreux pays arabes et européens. Imed touche un salaire mensuel de faim, d’environ 100 €, sans sécurité sociale et certainement pas suffisant pour lui, sa femme et leurs trois enfants, dont un handicapé, qui a besoin de soins coûteux.

Depuis plus de cinq ans Imed s’adresse inutilement aux institutions pour ajuster sa position, en vain, voyant échouer totalement son travail d’écrivain et artiste.

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Ces festivals apportent du prestige et beaucoup de touristes, dans une période où il est très important pour la Tunisie de stimuler le tourisme et les échanges commerciaux. La Tunisie devrait être fière d’avoir des fils et filles comme: IMED DABOUSSI (Festival International de Tozeur), MAHMOUD NAJAR (Festival International de Bizerte), ZEINEB JOULI (Festival International de Cedouikesch / Jerba), MABROUK SAYARI (Festival International de Bengardene) et beaucoup d’autres comme eux, qui devraient recevoir un plus grand soutien par un pays qui a également révolutionné sa façon de faire de la culture.

Jean Bruschini

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